Par Yona Hanhart-Marmor (HUJI, chercheuse associée au CRFJ), Presses universitaires du Septentrion, ouvrage publié avec le soutien du CRFJ. 

Tant les thèmes abordés par Pierre Michon que sa manière d’écrire se caractérisent par un refus de la ligne droite, de l’approche directe.

Il faut détourner le regard du centre pour s’intéresser à la périphérie : petites gens, province, gestes de l’écriture qu’on aurait de prime abord jugés inintéressants.

Si Michon décline l’obliquité sous ses formes les plus variées, c’est afin d’en proposer, d’une façon elle-même oblique, une théorie. Les grands thèmes, les enjeux véri­tables ne peuvent s’appréhender qu’en partant du détail, de la périphérie, de la digression.

Obliquement, Michon nous dit le monde de façon bien plus percutante qu’une approche frontale ne saurait le faire. Mieux, Michon nous invite à cette gymnastique de l’esprit. Il s’agira donc de débusquer, dans la rigueur de ses phrases, les effets obliques du dire, de dépasser l’imposture de l’écrit pour atteindre la constellation essentielle de la vie même.