Fouilles archéologiques

Beisamoun

Annonce de la campagne 2015 : à venir

Sous la direction de Fanny Bocquentin (CNRS, CRFJ) et de Hamoudi Khalaily (Israel Antiquities Authority)

La mission franco-israélienne de Beisamoun explore l’un des plus importants villages du Levant sud occupé de façon continue aux 8th et 7th millénaires. Beisamoun est situé dans la haute vallée du Jourdain ; le village était installé à proximité de la frange marécageuse du lac Houleh, aujourd’hui asséché.

La mission est dirigée par Fanny Bocquentin et Hamoudi Khalaily. Elle bénéficie d’une collaboration étroite avec l’Office des Antiquités Israéliennes et du soutien appuyé du CNRS et du Centre de Recherche Français à Jérusalem. L’Institut National pour la Recherche Archéologique Préventive participe également au projet. L’équipe scientifique est constituée de 18 spécialistes, français, israéliens, canadiens et américains. Débutées en 2007, les fouillles de Beisamoun sont financées par ses différents partenaires institutionnels et des mécénats israéliens (Irene Levi Sala Care Archaeological Foundation).

Cette mission succède à une première collaboration franco-israélienne engagée sur le site dans les années 70 par le CNRS et la DGRCST du MAE. De nombreuses prospections de surface avaient été menées à cette époque ainsi qu’une première campagne de fouille dirigée par Monique Lechevallier (Lechevallier 1978). Cependant, malgré l’importance du site, internationalement célèbre, les recherches n’avaient pu être poursuivies à cause de l’exploitation agricole du terrain. Aujourd’hui, un grand secteur du site est à nouveau accessible et l’évolution des connaissances ces deux dernières décennies confère à Beisamoun, par sa situation géographique et ses spécificités, un rôle de premier plan pour la compréhension du développement de la région au Néolithique précéramique.

Le décapage en cours de 300 m² documente une phase d’occupation appartenant à la période de transition entre le PPNB récent et le Néolithique céramique, le PPNC daté de la première moitié du VIIème millénaire. La compréhension de cette transition est l’un des enjeux scientifiques fondamentales de l’archéologie préhistorique proche-orientale d’aujoud’hui. Nous avons fouillés jusqu’à présent 104 locus : segments de murs, murets,  sols, fosses, sépultures, foyers, calages de poteaux, bassins, cuvettes, concentrations d’objets, aires extérieures, niveaux d’effondrements, amoncellements de pierres. Ces vestiges architecturaux sont les plus complets, côté ouest du Jourdain, de toute la période PPNC.

La dernière saison de fouille (mai-juin 2012) qui a permis de dégager le sommet d’une maison rectangulaire de très grande dimension ainsi que le témoignage de ce qui pourrait bien être les plus anciennes incinérations confirme le potentiel exceptionnel du site. En outre, la progression des analyses post-fouilles révèle la diversité de la production, la cohabitation de chaînes opératoires que l’on pensait exclusives les unes des autres, la particularité de l’assemblage faunique, la densité de l’occupation.

Succession d’occupations PPNC en cours de fouille. Au niveau inférieur on distingue le soubassement du mur nord d’une vaste structure divisée par un imposant mur de refend est-ouest. L’élévation en brique crue est partiellement conservée.

la sépulture 337 : enfant décédé durant la période périnatale. Il est inhumé dans une fosse tout contre le mur 301, peu de temps après l’abandon de la maison 354.

Équipe scientifique Direction – Dr. Fanny Bocquentin, CNRS/CRFJ : Direction, archéologie funéraire et anthropologie, – Dr. Mohammed Hamoudi Khalaily, Israel Antiquities Authority (IAA) : Direction, Industrie du silex. Responsables de secteurLaurent Davin, Université de Paris 1 (Doctorat) : Responsable de secteur, enregistrement photographique. – Nicolas Samuelian, INRAP : Responsable de secteur, analyses spatiale et architecturale, Industries – Dr. Daniella Bar-Yosef Mayer, Tel Aviv University : perles et coquillages marins. – Dr. Gaëlle Le Dosseur, UMR 7041 : industrie sur matières dures animales, – Dr. Laure Dubreuil, TUARC, Trent University, Canada : matériel de mouture, et vaisselle en pierre – Pr. Boris Valentin, Université de Paris 1 – UMR7041 : industrie du silex, Environnement, géomorphologie et datationsRebecca Biton, Université Hébraïque de Jérusalem (doctorante) : reptiles et amphibiens, – Dr. Elisabetta Boaretto, Weizmann Institute : datations radiocarbones. – Doron Boness, Tel-Aviv University (étudiant de Master) : micromorphologue, – Dr. Francesco Berna, Boston University : géomorphologue, – Dr. Aline Emery-Barbier, UMR 7041 du CNRS : restes botaniques, – Harris Greenberg, Boston University (doctorat) : géomorphologue, – Dr. Liora Kolska Horwitz, Université Hébraïque de Jérusalem : faune, – Pr. Omry Lernau, Université Hébraïque de Jérusalem : ichtyofaune, – Dr. Henk Mienis, Université Hébraïque de Jérusalem : malacofaune, InfographieMarjolaine Barazani, CRFJ : infographie, archives. Diffusion des résultats Communications à des colloques Bocquentin F. & Khalaily H. 2012. Renewed excavations at Beisamoun: An exploration of the PPN-PN transition in the Hula Valley. Annual meeting of the Israel Prehistoric Society held 13th of December 2012 in the Weizman Institute of Sciences. Khalaily H. and Bocquentin F. 2010. The recent excavations at the Neolithic site of Beisamoun and their contribution to the Neolithic sequence in the Hula Basin. Israel Prehistoric Society meeting held 9-10th of December 2010 in Tel-Hai College. Bocquentin F., Barzilai O., Khalaily H. and Horwitz L.K. 2008. The PPNB site of Beisamoun (Hula Basin): present and past researches. 6th Conference on PPN Chipped and Ground Stone Industries of the Fertile Crescent. Manchester, march 3rd-5th 2008. Bocquentin F. 2008 Les crânes surmodelés de Beisamoun (Néolithique précéramique, Israël). Thème transversal 6 « cultes, rites et religions » de l’UMR 7041 ArScAn. 19 mai 2008, Maison René Ginouvès de l’Archéologie et de l’Ethnologie. Publications Bocquentin, F., O. Barzilai, H. Khalaily, and L.-K. Horwitz 2011. The PPNB Site of Beisamoun (Hula Basin): Present and Past Research. The state of the stone: Terminologies, Continuities and Contexts in Near Eastern Lithics. Studies in Early Near Eastern Production, Subsistence, and Environment 13: 197-211. Berlin: Ex Oriente. Samuelian N. Bocquentin F. et Khalaily H. 2010. La mission Beisamoun : sur les traces des premiers paysans de la vallée du Jourdain. Archéopages. Hors-série : 135-141. INRAP : Paris. Khalaily H. 2010. Collaboration franco-israélienne dans la recherche archéologique. Archéopages. Hors-série : 113-115. INRAP : Paris. Shelton, C., and C. White. 2010. The Hand Pump Flotation System: A New Method for Archaeobotanical Recovery. Journal of Field Archaeology 35(3) : 316-326. Bocquentin F. 2009. Les crânes surmodelés de Beisamoun (Néolithique pré-céramique, Israël). Cahier des thèmes transversaux ArScAn (Vol IX). Thème 6 – Cultes, rites et religions : 161-169. Le Dosseur G. 2008. Deux nouvelles lèvres de Cassidae au PPNB. Les découvertes de Beisamoun et Yiftahel. Bulletin du Centre de Recherche Français de Jérusalem, 19 : 1-7. em>http://bcrfj.revues.org/index5842.html Bocquentin F., Khalaily H., Samuelian N., Barzilai O., Le Dosseur G., Horwitz L.-K. & A. Emery-Barbier. 2007. Renewed Excavation of the PPNB site of Beisamoun, Hula Basin. Néo-Lithics: 2/07: 17-21. Lechevallier M. 1978. Abu Gosh et Beisamoun, deux gisements du VIIème millénaire avant l’ère chrétienne en Israël. Mémoires et Travaux du Centre de Recherches Préhistoriques Français de Jérusalem, 2. Paris : Association Paléorient. Publications en ligne Khalaily H. & Bocquentin F. 2012. Beisamoun (Mallaha) (2011) – preliminary report. Hadashot Arkheologiyot – Excavations and Surveys in Israel: 124. http://www.hadashot-esi.org.il Khalaily H. & Bocquentin F. 2010Beisamoun (Mallaha), Hadashot Arkheologiyot – Excavations and Surveys in Israel: 122. http://www.hadashot-esi.org.il Khalaily H. & Bocquentin F. 2009. Beisamoun (Mallaha). Hadashot Arkheologiyot – Excavations and Surveys in Israel: 121. http://www.hadashot-esi.org.il Khalaily H. & Bocquentin F. 2008. Beisamoun (Mallaha). Hadashot Arkheologiyot – Excavations and Surveys in Israel: 120. http://www.hadashot-esi.org.il Publications en preparation Bocquentin F., Barzilai O., Dubreuil L. & Horwitz L.K. En préparation. Les crânes surmodelés de Beisamoun : une remise en contexte. Paléorient. Bocquentin F., Khalaily et al.  In preparation. The recent excavations at Beisamoun and their contribution to the Neolithic sequence in the Hula Basin. Journal of the Israel Prehistoric Society. Horwitz L.-K. In preparation. Hunting and Herding at the Late PPNB/PPNC site of Beisamoun, Upper Jordan Valley. Pages Web Latitude France : http://www.latitudefrance.org/index.php?page=afficher_centre&uid=1837 Site de l’UMR 7041, Équipe Ethnologie préhistorique :http://www.mae.u-paris10.fr/arscan/Le-site-de-Beisamoun.html

Belvoir

La mission Belvoir a pour objectif de reprendre l’étude d’un site de l’époque des croisades. Le château hospitalier de Belvoir apparaît pour la première fois dans la documentation textuelle au cours de la seconde moitié du XIIe siècle. La forteresse, située à quelques 300 mètres d’altitude, domine la vallée du Jourdain et le Wadi Tavor, à l’emplacement d’un village ou Casal connu dans les textes sous le nom de Cocket. Ce nom franc dérive du nom arabe Kawkab, lui-même dérivé du nom hébreu antique de Kokhava. Le château est à cette époque le centre d’un vaste domaine composé de plusieurs villages dont les noms nous sont parfois parvenus.

Il est pris par les armées de Saladin, en 1189, deux ans après la bataille des cornes de Hâttin. Belvoir est alors l’une des dernières forteresses, encore aux mains des Francs. L’occupation Ayyoubide est très peu documentée et s’achève en 1229, date à laquelle, le château démantelé est restitué par traité aux chrétiens. Ceux-ci le perdent définitivement au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle. Rien n’est connu du site à l’époque mamelouks.

Le projet actuel s’inscrit dans la continuité de plusieurs études relativement anciennes. En effet, le dégagement du site, dans lequel s’était installé un village à l’époque moderne,  a  été entrepris en 1966 sous la direction de M. Ben-Dov et les ruines restaurées sous la conduite des responsables du National Parks Authority (N. Tzori). Depuis, seul un article a été publié, s’intéressant à l’architecture du château (Biller T., 1989).

L’étude proposée par la nouvelle équipe franco-israélienne, dans le cadre d’un projet quadriennal, bénéficie d’une collaboration entre les représentants de plusieurs universités françaises (Clermont-Ferrand II, Lyon II), membres de centres de recherche accueillis par ces universités (CHEC/Clermont-Ferrand II ; UMR 5138 Lyon II ; Geolab-UMR 6042 Clermont-Ferrand II), les responsables d’un chantier expérimental (Guédelon), des chercheurs et archéologues (doctorat, archéologue-docteur), des ingénieurs, assistants de recherche et deux architectes DPLG du Patrimoine, ainsi que des archéologues de l’Autorité des Antiquités israéliennes. Cette équipe, sous la direction de Bruno Phalip (Pr. Université Clermont-Ferrand II), a pour objectif de développer sur ce nouveau terrain, des méthodes d’analyse du bâti et des matériaux, champs de recherche peu développé jusqu’alors en Israël sur les sites médiévaux. Le but de l’etude est d’identifier les différentes phases de constructions au sein du château et de mettre en évidence les différentes traditions constructives représentées. Pour cela, des relevés de précision sont opérés sur l’ensemble des bâtiments, et associés [q

Un soutien est également acquis (soutien et accompagnement des recherches de financement) de la part du CNRS par le biais du Centre de Recherche Français à Jérusalem (Olivier Tourny, directeur).

L’équipe est constituée d’une dizaine de spécialistes français et israéliens de la fouille médiévale (contextes occidentaux et orientaux), de l’architecture castrale et de la fortification, de l’archéologie du bâti, de l’étude des matériaux de construction et des documentations historiques, aux programmes de recherche centrés sur ces questions, la période et -pour partie- la région considérée. Cette mission succède à un programme de dégagements et de restauration mené par les autorités israéliennes en 1966. Au regard des possibilités du site (élévations et niveaux d’occupation conservés, village), des matériels de relevés et des nouvelles directions de la recherche universitaire ou expérimentale, la mission se fixe pour objectif de le réinterroger.

La première année (mission exploratoire) pourrait se dérouler en juin 2013. Bien qu’ayant fait l’objet de publications (Guérin 1880, Conder-Kitchener, Deschamps 1934-1939, Lange 1965, Biran 1967-68, Ben-Dov 1968, Benvenisti 1970, Minnis et Bader 1988, Faucherre 1989, Ben-Dov), une campagne exhaustive de relevés s’avère indispensable (plans au 200ème, coupes, élévations ; plans aux 50th et 20ème) avec l’apport de la photographie redressée et de techniques d’investigation poussées (scanner, laser courte et longue portée). L’inventaire du lapidaire est également prévu dès cette mission avec la mise en place d’une base de données informatisée. Une prospection large du site et de ses abords pourrait être entreprise à la suite d’un travail bibliographique (historiographie) : carrières, accès, occupation des pentes, villages, autres sites défensifs. Des sondages pourraient débuter dès cette année. Parallèlement, cette phase pourrait permettre une étude comparatiste pour envisager des sites francs ou ayyoubides susceptibles de faire apparaître les savoirs techniques (autres que stylistiques) francs et orientaux (arménien, arabe) au regard des réalités antiques et byzantines les précédant. Une prise de contact apparaît nécessaire avec Eliezer Stern (IAA), responsable archéologie du site d’Acre, pour envisager la faisabilité d’une étude de l’altération des matériaux de construction des sites historiques en parallèle avec Belvoir (M.-F. André et B. Phalip). Le village situé en contrebas, au sein des espaces dépendant de l’administration du National Park Authority, pourrait faire l’objet de sondages dès cette année afin d’évaluer le potentiel archéologique en relation avec le château.

La seconde année et la troisième année, en juin 2014 et juin 2015. Les campagnes de relevés seraient poursuivies par des observations relatives aux mortiers (sables, graviers, chaux), traces de taille, signes lapidaires, organisation, mise en œuvre, calibrage et chaînage, gestion des matériaux (bois, calcaires et basaltes), remplois, carrières… Suite aux premières analyses effectuées sur le site, sondages ou fouilles pourront être menées dans le château afin d’appréhender les niveaux de sols et de chantier, analyser les fondations, les formes architecturales fortifiées, mais également les éventuels aménagements antérieurs.

La quatrième année permettra de compléter le dossier, de fermer les sites de sondage et de prévoir les publications et présentations des travaux, ainsi que la préparation d’un colloque.

Un détail des parements en basalte. Travail des ciselures au poinçon et des bossages au pic. Milieu du XIIe siècle. Belvoir