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Le 5 mai 2015 s’est tenue au CRFJ une journée d’étude intitulée : « Les migrations est-africaines au Moyen-Orient. Un état des lieux » co-organisée par Julien Loiseau (CRFJ), Lisa Anteby-Yemini (CNRS, IDEMEC, Aix-Marseille Université) et Galia Sabar (Université de Tel-Aviv). Dans les dernières décennies, des migrants de travail, des demandeurs d’asile et d’autres migrants de la Corne de l’Afrique ont migré vers des pays du Moyen-Orient (Egypte, Israël, Liban, Jordanie etc…). De ce fait, ces pays doivent faire face aujourd’hui à des défis économiques, politiques, sociaux et religieux issus de cette migration qui affectent en retour leurs politiques d’accueil, ses cadres juridiques et des questions de droits de l’homme. Quant aux migrants, ils sont confrontés à des processus d’exclusion et de marginalisation simultanément à des mécanismes d’ancrages et d’incorporation dans les sociétés d’accueil.

Cet atelier de travail a réuni des chercheurs de France, d’Ethiopie et d’Israël qui ont présenté des recherches en cours tout en réfléchissant à de nouveaux paradigmes de recherche interdisciplinaire (sciences politiques, géographie, anthropologie, sociologie) sur la question. Une première session a porté sur les causes de départ de la migration irrégulière de l’Ethiopie du nord vers le Moyen-Orient (Fesseha Berhe, Université de Mekelle), la détention des migrantes de travail africaines et asiatiques au Liban (Michèle Baussant, CNRS, CRFJ) et le cadre juridique des lois contre l’infiltration en Israël (Hadas Yaron, Jaffa College).

Une seconde session s’est penchée sur l’ancrage urbain des migrants subsahariens chrétiens au Caire (Julie Picard, post-doctorante, Université de Toulouse), sur les demandeurs d’asile entrepreneurs à Tel-Aviv (Anda Barak-Bianco, doctorante, Université de Haïfa) et sur les contestations et les mobilisations politiques des demandeurs d’asile soudanais en Egypte et en Israël (Pauline Brucker , doctorante,  Sciences Po./CEDEJ, le Caire). La journée s’est terminée par un débat sur les nouvelles perspectives de recherche qui se proposent d’étudier plus en détail le rôle de la religion, du genre, du racisme ainsi que l’agentivité des migrants en leur donnant la parole dans nos travaux, et de ré-examiner le couple mobilité/immobilité dans les situations de transit (G. Sabar) ; l’étude des migrations juives et non-juives en Israël devrait aussi être repensée car des processus parfois similaires d’intégration ou d’aliénation s’observent concernant les immigrant juifs (olim), les migrants de travail et les demandeurs d’asile africains alors que les traditions d’étude les considèrent comme distincts (L. Anteby-Yemini) ; enfin il faut également se rappeler que la majorité des camps de réfugiés se trouvent encore en Afrique et que ce sont les moins démunis qui parviennent à migrer au Moyen-Orient (S. Gellar). La présence de quelques militants, y compris un activiste d’origine érythréenne (H. Mehari), a aussi nourri la discussion en termes pratiques. Des rencontres futures sont prévues en vue de la mise en place de programmes de recherche et de collaborations entre la France, l’Ethiopie et Israël sur les migrations africaines au Moyen-Orient.