Ce livre raconte l’histoire d’un manuscrit original, écrit entre 1903 et 1904 par un moine de la communauté éthiopienne de Jérusalem, Walda Madhen. Un manuscrit perdu, puis retrouvé des années plus tard dans les archives, grâce au projet Open-Jerusalem : voilà le point de départ d’une enquête qui entraîne le lecteur depuis le toit du Saint-Sépulcre jusqu’aux hauts plateaux éthiopiens, en passant par les ors des palais d’Istanbul et les couloirs des consulats européens au Levant. 

Pour démêler l’histoire enchevêtrée de ces chrétiens vivant bien loin de leur Éthiopie natale, trois chercheurs mènent l’enquête : une linguiste, spécialiste de l’amharique, et deux historiens, l’un de la Corne de l’Afrique, l’autre du Moyen-Orient. Au croisement de leurs regards émerge un récit foisonnant, qui dépasse largement la seule communauté éthiopienne de la Ville sainte pour dessiner les contours de la société religieuse, politique et diplomatique de la Jérusalem ottomane du début du 20e siècle.

Car ce manuscrit, écrit dans l’urgence – difficile à déchiffrer, mal structuré, imprécis –, devait faire l’histoire des éthiopiens de Jérusalem pour justifier leur ancrage dans la ville. Cette édition éclaire ainsi leur histoire tumultueuse, l’évolution conjointe des communautés religieuses de la Ville sainte et la porosité des cultures, qui traduisent la promiscuité des confessions. Ce texte est également le témoignage d’une mémoire communautaire en construction – une mémoire encore fortement nourrie de traditions extérieures. Mais il signale aussi l’épuisement de ce processus de co-construction, dans un moment de bascule historique de l’âge des empires à l’âge des nations.

Stéphane Ancel, historien, chargé de recherche au CNRS rattaché au Centre de recherche en sciences sociales du religieux (CéSor) à Paris, est spécialiste de l’histoire de l’Église orthodoxe d’Éthiopie. Il étudie spécifiquement l’évolution et les interactions des mouvements religieux de la Corne de l’Afrique, ainsi que les modalités de production et de diffusion du discours religieux.

Magdalena Krzyżanowska, linguiste, chercheure rattachée au Hiob Ludolf Zentrum für Äthiopistik et enseignante à l’Asia-Africa Institute de l’université de Hambourg, est spécialiste de la langue amharique. Ses recherches portent notamment sur la sémantique, la lexicographie et l’approche pédagogique de la langue. 

Vincent Lemire, historien, maître de conférences HDR à l’université Paris-Est Gustave-Eiffel, actuellement directeur du Centre de recherche français à Jérusalem (USR CNRS 3132, UMIFRE  7 CNRS-MEAE), est spécialiste du Moyen-Orient et de l’histoire urbaine de Jérusalem. Il est notamment l’auteur de Jérusalem 1900 (Armand Colin 2013 ; Points-Seuil 2016) et il a dirigé Jérusalem : histoire d’une ville-monde (Flammarion 2016). 

table des matières et informations complètes ici : http://www.editionsdelasorbonne.fr/fr/livre/?GCOI=28405100854210