Exposition organisée à l’Institut français de Tel-Aviv, coordonnée par Karen Akoka (CRFJ).

Les œuvres réunies ici présentent le travail de quatre artistes, Tesfalem Fissaha, Naka Pitia, Selam Mamush et Tsegey Berhe, arrivés en Israël depuis la Corne de l’Afrique lorsqu’ils étaient enfants ou déjà adultes. Elles disent leurs perspectives sur la vie, le genre, la religion, la race, la famille et la perception de soi.

Tous sont sans réponse à leur demande d’asile depuis plus d’une décennie. Ils vivent dans une temporalité qui questionne les projections vers l’avenir. La peinture est leur terre ferme. Autodidactes, Tsegay, Naka et Tesfalem, se sont construits artistiquement chemin faisant, au fil de la densité de leur vie. Selam est aujourd’hui étudiante en art.

La double position d’altérité dans laquelle ils se trouvent, par rapport à la société israélienne et au monde de l’art, se dégage de leur travail. Leurs œuvres irriguent une force et une étrangeté singulière qui déplace les manières de regarder et de concevoir l’art.

Cette exposition est plus que la somme d’œuvres individuelles. Les peintures présentées ici ont été réalisées au terme d’un cycle de rencontre de cinq mois. Cette exposition est le témoignage d’un cheminement collectif, de temps de travail communs et de discussions, parfois difficiles et souvent soutenantes.

De ces discussions et de ces positions a émergé le miroir. Pensé comme un espace tendu pour qu’une société se regarde, le miroir trouble les espaces et les identités et offre un point d’appui pour travailler l’altérité sans être assigné à la différence. Où nous renvoient alors les miroirs ici posés ? Ni à notre reflet, ni à celui des artistes sans doute, mais à cette espace de rencontre où se brouillent l’altérité et le même pour qu’une société puisse dès lors mieux s’observer.

Ce projet novateur qui ouvre un dialogue original entre art et sciences sociales sur les questions d’immigration a été coordonné et dirigé par Karen Akoka, sociologue et enseignante à l’Université Paris Nanterre, en délégation au Centre de Recherche Français à Jérusalem et Hamutal Sadan, doctorante en histoire du Moyen-Orient et de l’Afrique à l’Université de Tel Aviv. Il a été co-animé avec Inbal Egoz, artiste, militante et enseignante qui vit et crée à Tel-Aviv. Le projet a été soutenu par l’Institut français en Israël, le Centre de Recherche Français à Jérusalem et l’association Hotline for Refugees and Migrants.