Publication de deux campagnes de fouilles archéologiques conduites par M. Raymond Weill à Tell Gezer (1913 – 1924)

Note de présentation 

Par M. Charles Zelwer,
Directeur de recherche honoraire au CNRS

Le mémoire de Mme Paula Silberberg-Zelwer, tel qu’il nous est parvenu soigneusement dactylographié, analyse le mobilier de neuf tombes de Gezer qui n’ont jamais fait l’objet d’une publication. Trois tombes avaient été mises au jour par Raymond Weill en 1913-1914 puis six autres sous sa direction, en 1923-1924. Après une introduction historique sur le site de Gezer depuis la période cananéenne jusqu’à la conquête arabe, suit une étude de la poterie, des armes, cachets, scarabées et bijoux. Les tombes ont été classées suivant la chronologie historique et non suivant l’ordre de leur découverte : Tombe I : Bronze ancien ; Tombes II-III : Bronze moyen et récent ; Tombes IV-VIII : Bronze récent et Tombe IX : Fer I.
L’analyse des céramiques (style, réalisation, pâtes, décor) permet de faire une étude comparative élargie au bassin méditerranéen (Chypre, Crète, Egypte, Phénicie, Grèce etc..), de distinguer les objets importés, témoignant de l’intensité des apports commerciaux, de la production indigène et des imitations d’objets importés. Les poteries fournissent aussi de précieuses indications sur la vocation de la région aux échanges entre les empires en temps  de paix, et carrefour stratégique en temps de guerre.
Un des aspects les plus originaux de ces mobiliers consiste en une collection de scarabées et de cachets égyptiens (tombes VII et VIII). Certains  sont datés et permettent d’associer les tombes aux dynasties égyptiennes et donc bâtir une solide chronologie. Avec ces arguments, Mme Silberberg-Zelwer propose un classement chronologique de l’ensemble de toutes les tombes de Gezer connues de son temps. Le catalogue complet du mobilier renvoie à une vingtaine de planches, figures au trait et photographies.
Une partie du mobilier, (Tombe IV) avait été déposé au Musée de Antiquités nationales à Saint Germain-en-Laye. Un autre lot se trouve au Musée du Louvre. Une partie de la collection déposée à Jerusalem aurait été détruite en 1948-1949. Les documents du mémoire sont désormais les seules traces de ces objets disparus.
M. Raymond Weill a fait référence dans La Cité de David, (Librairie Orientaliste Paul GEUTHNER – Paris – (1947)), à la contribution de Paula Silberberg-Zelwer et à ses recherches. Il ignorait que le manuscrit n’avait pas disparu. Un archéologue israélien, Aren M. Maier, a photographié les lots de Saint Germain-en-Laye et du Louvre, sans avoir la possibilité de mentionner leur provenance exacte, ignorant  le mémoire de Mme Silberberg,. Il a publié un catalogue dans une série anglaise : Bronze and Iron Age Tombs at Tel Gezer, Israel – Finds from Raymond-Charles Weill’s excavations in 1914 and 1921.

Le mémoire de Mme Paula Silberberg-Zelwer constitue les seules archives des campagnes de fouilles (1913-1924) et devrait permettre une refonte du mémoire et des photographies de l’ouvrage de M. Aron Meir.

ANNEXE I : Historique du mémoire de Paula Silberberg-Zelwer
Paula Silberberg-Zelwer (1892-1942) née en Pologne dans une famille juive de Czestochowa, a effectué des études à l’Ecole du Louvre (1921-1923) et a participé à la campagne de fouilles de M. Raymond Weill en 1923-1924 à l’époque de la Palestine mandataire, sur le site de Gezer (aujourd’hui en Israël). Cette campagne faisait suite à une précédente investigation effectuée en 1913-1914 (soit sous l’Empire Ottoman). L’ensemble de ces fouilles a permis d’identifier neuf tombes, dont la chronologie s’étend du Bronze ancien au Fer.

De retour à Paris, Paula Sylberberg-Zelwer a entrepris la rédaction d’une thèse de doctorat sous la direction MM R.Weill et G. Février, intitulée :  Mémoire sur Gezer, d’après les fouilles de Raymond Weill de 1913-1914 et 1923-1924 .  Il y eut une première version du manuscrit rédigée dans l’entre-deux-guerres, puis suite à des discussions entre Mme Silberberg-Zelwer et M. R. Weill, celui-ci dut être remanié. La nouvelle rédaction fut effectuée pendant l’Occupation dans des conditions précaires. Le manuscrit était en cours d’achèvement lorsque Mme Silberberg-Zelwer fut arrêtée au premier trimestre 1942, parce que ses papiers d’identité n’étaient pas en règle. Elle eut un procès et fut condamnée à plusieurs mois de détention. Elle devait être libérée vers le 16 juillet 1942, lorsque survint la grande rafle des Juifs de  Paris. Internée à Drancy, puis déportée sans retour à Auschwitz le 21/08/1942, elle fut vraisemblablement exécutée à son arrivée au camp. La thèse qu’elle a rédigée n’a donc jamais été  soutenue.

Un exemplaire du manuscrit de la thèse fut déposé entre les mains de son frère Kalman W. Zelwer, suite à des péripéties diverses puis fut oublié. Il fut redécouvert par hasard par le fils de Kalman W. Zelwer, début 2008 dans son grenier, ainsi que des lettres écrites en détention par sa tante, adressées à son mari Georges Silberberg (déporté à Auschwitz en 1944) et à l’une de ses sœurs. C’est dans ces conditions que j’ai découvert les travaux de ma tante. J’ai voulu savoir si ces recherches étaient connues et j’ai fait évaluer leur intérêt scientifique. Sur les conseils de Gilles Dorival, professeur à l’Université d’Aix-en-Provence, j’ai pris contact avec Jean-Baptiste Humbert (Ecole Biblique d’Archéologie Française, Jérusalem) qui s’est investi dans la réhabilitation de l’ouvrage et m’a conseillé dans ma démarche.

ANNEXE II : Les contenus

La documentation archéologique disponible aujourd’hui rend obsolètes les descriptions ainsi que les notations stylistiques et historiques du manuscrit original. Décision  a été prise par Jean-Baptiste Humbert et Charles Zelwer, de rendre accessible donc lisible sans de grosses difficultés l’ensemble des documents, surtout pour les non-francophones, en conférant au texte une expression grammaticale et lexicale plus claire et plus correcte et mise en cohérence avec une nouvelle présentation du catalogue.

Le catalogue a été réorganisé suivant la hiérarchie suivante :

– Les Tombes

– Les planches

– N° dans la planche

Cette classification a été reportée dans le texte révisé du mémoire, tant au niveau des figures que de l’analyse des céramiques (style, réalisation, pâte, décor).

1. Les documents ressaisis

Mémoire révisé de Paula Silberberg-Zelwer

Tableau chronologique des tombes de Gezer (présentation du tableau, condensée en une page)

Catalogue des mobiliers des tombes révisé (voir ci-dessus)

Planches

2. Les documents originaux numérisés

a) Mémoire de Paula Silberberg-Zelwer (en deux fichiers)

Le manuscrit de Paula Zelwer-Silberberg – partie 1, partie 2, chapitres 1 et 2
Le manuscrit de Paula Zelwer-Silberberg – partie 2, chapitre 3

b) Tableau chronologique des tombes de Gezer (calque original puis saisie numérique conforme)

c) Catalogue des mobiliers

d) Planches

3. Photographies de Paula Silberberg-Zelwer

– portrait photographique (années 30 ?)

Portrait de Paula Silberberg-Zelwer

– lors de la campagne de fouilles (1924)

Photo prise vraisemblablement sur le champ de fouilles à Géser (1924)

Photo prise vraisemblablement sur le champ de fouilles à Géser (1924); le personnage à la droite de Paula Zelwer est peut-être M. Abraham Baer Duff, collaborateur de M. Raymond Weill et ultérieurement professeur à l’Université Hébraïque de Jérusalem (sous toutes réserves)

– séance inaugurale de l’Université hébraïque de Jérusalem (1925)

Les premiers étudiants de l’université Hébraïque de Jérusalem (1925). L’encadré blanc met en évidence de gauche à droite Paula et sa soeur Hela. European Desk Div. for Development & Publics Relations – The Hebrew University of Jerusalem – selon une brochure intitulée “The university of the University of Jerusalem, jubilee year brochure. Volume 21 (spring 1925)

 

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