Cette semaine (2-6 juin 2025), une équipe internationale dirigée par Estelle Ingrand-Varenne (CNRS-CESCM Poitiers) photographie, relève et étudie les graffitis inscrits par des pèlerins chrétiens de toutes origines depuis le XIIe siècle sur la façade (portail sud) du Saint-Sépulcre à Jérusalem. L’équipe est constituée de cinq experts travaillant sur place et trois à distance. Financée par l’ERC GRAPH-EAST (https://grapheast.hypotheses.org/) et permise grâce au CRFJ, cette mission vient répondre à un des objectifs scientifiques du projet GRAPH-EAST qui vise à replacer l’écriture latine présente en Méditerranée orientale au Moyen Âge dans un paysage graphique large, prenant en compte les écritures environnantes, arabe, grecque, hébraïque, arménienne, géorgienne, syriaque, cyrillique, etc., pour proposer une histoire connectée des épigraphies dans ces sociétés cosmopolites et multiculturelles.

 

La façade sud de l’église du Saint-Sépulcre est un espace épigraphique unique pour trois raisons : 1) la concentration et de la densité des signes graphiques (plusieurs centaines) dans un espace réduit ; 2) la coexistence de plusieurs systèmes graphiques et linguistiques, reflétant la diversité des communautés chrétiennes ; 3) la superposition des graffitis par accumulation de couches, allant parfois jusqu’à une dizaine. Si certains des graffitis les plus visibles (en syriaque, en arménien, en géorgien) ont été publiés, la plupart restent à ce jour inédits. Grâce à la photogrammétrie et au relevé stratigraphique, ainsi qu’à la collaboration des épigraphistes, le but est de cartographier l’ensemble des marques laissées par les pèlerins et voyageurs sur cette partie du lieu saint, d’éclairer l’histoire de la façade et du parvis, et enfin de comprendre les conditions d’accès des pèlerins et le commerce qui se faisait avec les gardiens musulmans.