Mercredi 8 mai 2013 à 19 h 00 – au crfj par Yann Scioldo-Zürcher  – 

Le rapatriement des Français d’Algérie, intervenu au lendemain de la guerre d’indépendance, a profondément marqué les mémoires. Sans occulter la violence et le traumatisme de ce déracinement, cette conférence propose une lecture inédite de leur histoire en la rattachant au mouvement d’interventions publiques en faveur des rapatriés coloniaux. Dès 1961, la volonté de pacifier cette population particulièrement troublée conduit l’État à instaurer la première politique d’intégration d’envergure conçue à l’intention de migrants. La promulgation de mesures concrètes en matière d’emploi, de logement, ou de lois mémorielles montre ce qui distingue les « migrants nationaux » des « migrants étrangers ». En inscrivant l’histoire des rapatriés dans celle, plus large, des migrations, cette conférence permet de mesurer la singularité du destin des « pieds-noirs » d’Algérie, et la force de ce qu’un État peut accomplir, quand il le souhaite, pour intégrer de nouveaux venus.

Yann Scioldo-Zürcher est historien, chercheur au CNRS et membre du laboratoire MIGRINTER de l’Université de Poitiers. Ses travaux portent sur les trajectoires migratoires des populations en situation de transition coloniale, dont les Français d’Algérie et du Maghreb et les populations juives maghrébines (de nationalité marocaine ou tunisienne). Son travail étudie particulièrement les prises en charge créées par les États d’accueil et les façons avec lesquelles les populations s’émancipent par leur condition de « migrants nationaux », des conditions réservées aux autres migrants. In fine, par l’étude des ces pratiques administratives particulières, Yann Scioldo-Zürcher interroge les fondements mêmes de l’État, qui par ses capacités d’intervention envers des populations rapatriées, s’est renforcé dans ses capacités  « protectrices » et « assurantielles ».