14 décembre 2011

Stefan Goltzberg, Post-doctorant au CRFJ

Qu’est-ce que la Manipulation et la Propagande ?

On entend beaucoup parler de « manipulation » et de « propagande » dans les médias — nous visionnerons d’ailleurs des extraits télévisuels éloquents. Le linguiste est en droit de se poser la question de la nature de ces phénomènes discursifs. Est-ce que le concept de manipulation est d’ailleurs clair? Qu’en est-il des autres termes, comme « propagande », « populisme », « arbitraire », « formaliste »? Comment traduire le mot hasbara? Une analyse critique de ce vocabulaire sera proposée. Du point de vue du linguiste, il est important de s’assurer que les concepts soient descriptifs et non évaluatifs.

Stefan Goltzberg est linguiste, docteur en philosophie. Il enseigne la Logique et l’Argumentation à l’Université Libre de Bruxelles-Section Mons. Post-doctorant au CRFJ, son travail porte pour l’instant sur la théorie de l’histoire de la grammaire hébraïque, la sociolinguistique et la théorie de l’argumentation.

 

4 mai 2011

Lisa Anteby-Yemini

CNRS, chercheuse associée au CRFJ

Les demandeurs d’asile africains

en Israël aujourd’hui

Cette conférence exposera les enjeux de cette nouvelle migration non juive vers Israël, à la fois du point de vue politique que social et économique. Les débats sur leur statut incertain dans le pays se déroulent alors que la majorité de ces migrants commencent à s’insérer dans les villes israéliennes et à revendiquer des droits en tant que réfugiés.

L. Anteby-Yemini est anthropologue, Chargée de Recherche au CNRS, membre de l’Institut d’Éthnologie Méditerranéenne, Européenne et Comparative (IDEMEC) à Aix-en-Provence. Elle a travaillé de nombreuses années parmi les immigrants éthiopiens en Israël; elle dirige un programme de recherches sur les femmes dans l’islam et le judaïsme et étudie à présent les récentes migrations d’asile en Israël. Elle a publié plusieurs articles sur ce sujet (dans les revues Cultures et ConflitsMaghreb-Machrek et Méditerranée). Elle fait partie d’un groupe de travail sur les « Réfugiés africains en Israël » à l’Institut Van Leer de Jérusalem (2010-2011).

 

2 novembre 2011

Martine Chemana

Univ. Paris 3-Paris 10

Les communautés juives indiennes.

Leur contribution au développement culturel et économique en Inde

L’hospitalité et la tolérance ne sont pas que légendaires en Inde. On les voit à l’œuvre particulièrement dans l’accueil de nombreuses communautés qui y ont trouvé refuge depuis haute époque, souvent à cause de persécutions dans leurs pays d’origine. C’est le cas des communautés juives installées dans  diverses régions de l’Inde. Les conditions non seulement d’accueil mais aussi de respect, de reconnaissance, voire parfois de privilèges, et par conséquent de prospérité, ont certainement permis aux membres de ces communautés de s’y établir depuis plusieurs siècles dans une bonne entente mutuelle. En retour, quelques personnalités remarquables parmi ces juifs de l’Inde ont contribué à l’économie, à l’éducation et aux pratiques artistiques, et ce, de manière significative, surtout si l’on considère leur nombre microscopique par rapport à la population indienne.

Martine Chemana, praticienne et théoricienne du théâtre-dansé traditionnel du Kerala, le Kathakali,  a étudié en Inde pendant plus de 20 ans. Docteur en Études indiennes de l’École pratique des hautes études à Paris, elle s’intéresse à l’histoire, à l’esthétique  et à l’anthropologie des arts de l’Inde. Elle a publié plusieurs ouvrages et articles sur le théâtre, la peinture, la poésie et la musique. Elle enseigne « Théâtre indien et interculturalité » dans plusieurs universités dont Paris 3 Sorbonne et Paris 10 Nanterre. Elle travaille depuis quelques années sur les pratiques culturelles et artistiques des communautés juives indiennes.

 

9 mars 2011

Dominique Bourel

Directeur de recherche CNRS et membre associé du CRFJ

D’Uppsala à Jérusalem : l’orientalisme européen au XVIIIe siècle

Dans l’histoire de l’orientalisme européen, le voyage à Jérusalem occupe une place à part. En examinant celui du suédois Frédérik Hasselquist (1722-1752) – il fut un best seller et traduit dans quatre langues,–  on montrera les différents enjeux des ouvrages décrivant la terre « sainte » et comment ni politique ni religieux, l’itinéraire savant apporta sa contribution à la construction de l' »effet Jérusalem ». On ajoutera enfin une petite perle dans l’histoire du « sionisme botanique ».

Dominique Bourel, directeur de recherche au CNRS, Centre Roland Mousnier (Paris IV-Sorbonne) a dirigé le CRFJ entre 1996 et 2004. Il a été l’invité du Swedish Collegium for Advanced Studies d’Uppsala en 2010.

 

22 juin 2011

Samuel Ghiles Meilhac

EHESS

L’Évolution de la politique juive en Diaspora : fin des causes mobilisatrices et nouvelles perspectives ?

La création de l’État d’Israël signe une rupture décisive dans l’histoire juive. Les enjeux jusqu’alors mobilisateurs pour les organisations juives de Diaspora s’en retrouvent profondément bouleversés. Quels ont été les facteurs des mobilisations politiques juives depuis 1948 ? L’Europe, terre de naissance de mouvements politiques juifs, comme le sionisme et le bundisme, devient-elle le territoire du crépuscule de la politique juive diasporique ? Ces derniers années, de nouveaux groupes politiques juifs, J-Street aux États-Unis, J-Call en Europe, deux mouvements se revendiquant « pro-paix » et « pro-Israël » déclarent vouloir aider le processus de négociation entre Israël et les Palestiniens. Ces intentions diplomatiques annoncent-elles de nouveaux rôles collectifs pour les Juifs hors d’Israël ?

Docteur en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales, Samuel Ghiles-Meilhac enseigne aux Institut d’études politiques de Paris et Lille. Il est l’auteur de : LE CRIF. De la Résistance juive à la tentation du lobby. De 1943 à nos jours, Robert Laffont, 2011.

 

14 septembre 2011

Dominique Jarrassé

Professeur

Les synagogues du Maghreb.

Entre archives et terrain, la quête d’un patrimoine juif

Peu étudiées, les synagogues d’Afrique du Nord forment pourtant un pan majeur de l’histoire de l’architecture des synagogues. On a pu même leur dénier un intérêt architectural face à celles d’Europe, alors qu’elles offrent une gamme très variée d’édifices, vernaculaires, d’inspiration andalouse, néo-mauresque, éclectiques, voire modernistes… Les conditions de leur étude – disparition des archives des communautés pour la plupart disparues, terrain pas toujours accessible, préjugés… – ont contribué aussi à les négliger.

Après une recherche systématique sur les synagogues de Tunisie, dans les archives et sur le terrain durant sept ans, qui a révélé des richesses insoupçonnées il convient de trouver pour aborder les synagogues d’Algérie un autre mode d’étude qui doit débuter par le rassemblement de toutes les archives et d’une documentation dispersée, l’approche de terrain demeurant aléatoire. En revanche, des travaux sur le Maroc ont déjà été engagés et permettent d’en envisager la poursuite, afin d’esquisser une vue d’ensemble renouvelée et de redonner à ce patrimoine sa place dans l’histoire.

Il est enfin intéressant de voir comment les communautés originaires du Maghreb ont transféré (ou non) des modèles de synagogues en France et en Israël, cherchant à y préserver des traditions spécifiques et y puisant une dimension identitaire solide.

Dominique Jarrassé est professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Bordeaux et à l’Ecole du Louvre. Il a fait ses études à Nancy et sa thèse à Paris IV sur L’architecture thermale en France entre 1800 et  1850. Ses travaux concernent l’art et l’architecture du XIXe et de la première moitié du XXe siècle. Il a publié divers ouvrages comme Rodin (1993), Odilon Redon: le rêve (1996), L’art des jardins parisiens (2002), Osiris mécène juif et nationaliste français (2009)… Il aborde aussi des questions touchant à l’historiographie de ces domaines et aux relations de l’art et de l’anthropologie.

Spécialiste du patrimoine juif français, il a mené de 1987 à 1991, avec le soutien de la Fondation du Judaïsme Français, Paris, et de la Memorial Foundation for Jewish Culture, New York, une recherche sur les synagogues de France  qui a abouti à une exposition au Musée d’Orsay et à la publication de L’Âge d’or des synagogues (1991) et Une histoire des synagogues françaises. Entre Occident et Orient (1997). Il a publié également Synagogues, une architecture de l’identité (2001), Existe-t-il un art juif ? (2006)… Il a également contribué à la sauvegarde de plusieurs synagogues, publié une série de monographies et un Guide du patrimoine juif parisien (2003).

De 2003 à 2010, avec son épouse Colette Bismuth-Jarrassé, il a réalisé une étude de terrain sur les synagogues de Tunisie qui a donné lieu à l’édition d’un ouvrage, Synagogues de Tunisie. Monuments d’une histoire et d’une identité (Editions Esthétiques du Divers, 2010). Il poursuit actuellement ses recherches sur les synagogues du Maghreb et étudie les modalités de transfert des modèles issus de cette région dans les communautés en France et en Israël.

 

18 mai 2011

Vincent LEMIRE

Université Paris-Est / Marne-la-Vallée, chercheur associé au CRFJ

L’eau à Jérusalem entre 1840 et 1948, une histoire politique

 Cette conférence se propose de raconter l’histoire de la ville sainte au prisme de la question de l’eau. Perchée à plus de 700 mètres d’altitude, Jérusalem a toujours manqué d’eau potable, surtout entre les années 1840, moment du décollage démographique de la ville, et l’inauguration en 1936 de la monumentale canalisation de Ras el-Aïn. La « soif de Jérusalem » est devenue dès lors un enjeu majeur de l’action publique, qu’elle soit portée par les autorités civiles et religieuses de la ville ou par les puissances internationales qui s’en disputaient le contrôle.

L’histoire de cette longue quête hydraulique, dominée tour à tour par les archéologues et les philanthropes occidentaux, puis par les autorités impériales ottomanes et les édiles municipaux et enfin par les porte-drapeaux des projets sionistes et des nationalismes palestiniens, s’appuie sur l’analyse de sources très diverses et à ce jour largement inédites : archives de la municipalité ottomane puis mandataire de Jérusalem, archives de l’administration des waqfs, archives impériales ottomanes d’Istanbul, archives consulaires et diplomatiques de Londres, Nantes et Paris, archives du mouvement sioniste à Jérusalem, collections privées. La conférence s’appuiera essentiellement sur la présentation de ces documents inédits. En analysant ainsi la question hydraulique, qui renvoie autant à la ville sacrée qu’à la ville profane, à l’histoire qu’à la géographie, cette conférence voudrait défendre la proposition méthodologique d’une « hydrohistoire » des grands systèmes urbains, objet d’une histoire politique au sens le plus large du terme.

Vincent Lemire, ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, agrégé d’histoire, est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris-Est Marne-la-Vallée. Ses recherches actuelles portent sur Jérusalem et le Proche-Orient contemporain, l’histoire environnementale et la patrimonialisation urbaine.

 La soif de Jérusalem : Essai d’hydrohistoire (1840-1948)

Paris, Publications de la Sorbonne, février 2011, 663 p.

publié avec le soutien du Centre de recherche français à Jérusalem.

 

15 mars 2011

Gilles KEPEL

Sciences Po Paris

La révolution démocratique arabe : analyse et perspectives

Gilles Kepel est un politologue français, spécialiste de l’islam et du monde arabe. Il est professeur des universités et directeur de la chaire « Moyen-Orient Méditerranée » à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris. Diplômé d’arabe et de philosophie, docteur en sociologie et en science politique, il a enseigné dans plusieurs universités américaines.